Qweek : Guéna LG dévoile ses projects et son actu à Soren Luka !
Dj Soren Luka que vous pouvez retrouver chaque mois dans Qweek pour l’agenda Clubbing international est allé à la rencontre de Guena LG. Il raconte son parcours, ses influences et surtout, sa rencontre fusionnelle avec la chanteuse Nicole Slack Jones.
Peux-tu nous donner quelques infos sur toi : ton parcours, où tu vis, tes influences, ton premier souvenir musical ?
Je suis originaire de Bordeaux et ai toujours montré un fort intérêt pour la musique, notamment électronique. J’ai passé mon adolescence à écouter de l’Eurodance et regarder Dance Machine, au grand désespoir de mes parents qui ne juraient que par Brel, les Beatles ou Barbara… J’ai fait mes premiers essais en MAO sur le Pentium 75 familial en apprenant de manière autodidacte.
Quelque peu frustré par les limites de la machine (à l’époque), j’ai délaissé le clavier et le lecteur de disquettes pour acheter mes premières platines vinyles afin d’apprendre à mixer. J’avais 16 ans. Dans un premier temps, c’était dans ma chambre, puis en soirées étudiantes, pendant mes études de commerce.
J’avais 21 ans lors de ma première date en clubs, peu après mon arrivée à Paris. C’était au VIP Room sur les Champs Elysées. Avec mes premiers salaires je me suis acheté un ordinateur pour recommencer à composer et produire.
Mon premier remix a été fait un peu par hasard, pour le premier titre de Sophie Ellis-Bextor « Take Me Home ». J’avais récupéré l’acapella du morceau, ai fait suivre mon remix à l’artiste via sa maison de disque. J’étais très loin d’imaginer que non seulement le remix serait approuvé, mais qu’il finirait 2ème des clubs en France.
S’en est suivie une longue liste de remixes officiels, plus qu’une soixantaine, pour les plus grandes stars de la pop. S’ajoute à mon parcours la co-création et résidence pour les soirées Glam As You à Paris (Elysée Montmatre puis Club Med World) à Paris de 2003 à 2006. Nous y avoir reçu en guests Sophie Ellis-Bextor, Dannii Minogue, t.A.T.u…
Mes dates en clubs m’ont par la suite amené de Tel Aviv à Ibiza. 2013 fut une année charnière pour moi avec la sortie de mon premier single « Brighter » feat. Gravitonas., qui a été un carton en Grèce (Top 5). Depuis j’ai sorti plusieurs autres morceaux, 7 se sont classés Top 25 en clubs en France, 2 d’entre eux ont même été classés dans le Billboard Dance Charts aux US.
Si mon nom vous dit peut être rien, fort à parié par contre que vous avez déjà dansé sur un de mes titres ou remixes.
D’où vient ton nom ? LG est ce en référence à Lady Gaga pour qui tu as produits plusieurs remixes officiels ?
Mon nom de scène est la contraction de mon prénom (Guénaël) et de mon nom de famille (Geay). Rien à voir avec Lady Gaga, pour laquelle j’ai en effet produit 6 remixes officiels, de Just Dance à Born This Way.
Elle m’a d’ailleurs renommé, pour rire, « Lady GG ». Si vous avez son 1er album « The Fame », vous pourrez le constater via le clin d’œil qu’elle me fait dans les crédits de remerciement.
Comment décrirais-tu ton style de son : de quoi se nourrit-il ? Comment a-t-il évolué ?
Mon style mélange atmosphères dark, épics et sonorités plus festives, avec une place prépondérante laissée aux parties vocales. Mes productions, tout comme mes sets, mélangent pop, house vocale, tribal et circuit music. On peut clairement retrouver sur certains morceaux mes influences 90’s.
J’apporte une attention particulière aux top lines et paroles que je créée ou co-écrit quand il s’agit de mes propres titres. Il faut que ce soit efficace tout en gardant du fond et un réel message, sur des sujets qui me tiennent à cœur, des situations vécues ou ressenties.
Parmi les producteurs qui m’ont inspiré au cours de toutes ces années, me viennent en tête Denis Pop, Max Martin, Stock Aitken & Waterman, ATB, Tiësto, Armin Van Burren, BT, Victore Calderone, Thunderpuss, Peter Rauhofer, Offer Nissim, Yinon Yahel…
Tu as collaboré avec de grands noms de la musique internationale : Katy Perry, Black Eyed Peas, Sophie Ellis-Bextor, Sting, Kylie Minogue et notre Mylène Farmer nationale … quelle en est la plus marquante pour toi ?
Il y a eu plusieurs collaborations marquantes et de belles rencontres. C’est la fidélité qui découle de la reconnaissance de certains artistes qui me touche avant tout. Sophie Ellis-Bextor m’a mis le pied à l’étrier et pris le risque d’approuver mon remixe alors que je sortais de nulle part et que ce dernier était perfectible.
Quatre autres ont suivi derrière, notamment pour Murder On The Dancefloor et Get Over You. C’est quelqu’un d’extrêmement drôle qui ne se prend pas la tête. J’ai été ravi qu’elle accepte ma proposition de featuring sur mon titre « Back 2 Paradise » et nous sommes régulièrement en contact.
Lady Gaga a clairement boosté ma carrière en me demandant de remixer 6 de ses titres. Un de mes remixes de Poker Face a été utilisé en synchro du lancement d’Androïd au Japon et s’est retrouvé numéro 1 des ventes de singles là bas.
C’est une des artistes les plus brillantes que je connaisse, drôle, cultivée, curieuse de tout, performer hors pair. Je suis ravi de son retour fracassant avec A Star Is Born. Il est loin le temps de ses débuts où nous allions boire des kir royaux et manger de la charcuterie à St Germain, mais elle n’a pas oublié ceux qui étaient là à ses débuts.
Mylène Farmer, c’était un peu le passage du rêve à la réalité. J’étais très fan étant plus jeune, j’adore son univers et son écriture. J’ai remixé 4 de ses singles et l’ai rencontré plusieurs fois, c’est quelqu’un de charmant, très simple, déterminée et professionnelle. J’étais très surpris qu’elle connaisse aussi bien mon parcours et mes remixes.
Difficile de ne pas également mentionner Enrique Iglesias qui m’a toujours soutenu via la création de plusieurs remixes. C’est l’artiste le plus humain, dôle et généreux que je connaisse.
Quelle est ton actu dans les prochains mois ?
Mon dernier single s’appelle I Am Free. C’est une collaboration avec l’artiste gospel/soul/pop Nicole Slack Jones, originaire de la Nouvelle-Orléans. Nous sortons une nouvelle série de remixes sur ce titre réalisés par Mico C (Fun Radio), Johnny Goldstein et Ameh Fofana, qui est un des musiciens de Lauryn Hill. Je viens de finir une nouvelle version de l’énorme tube « Ride On Time » de Black Box qui devrait sortir sous peu.
Pure coïncidence, je viens de découvrir que le morceau fête ses 30 ans cette année. Nous avons de nouveaux titres quasi prêts avec Nicole Slack Jones, le premier sortira au printemps. J’ai hâte de le jouer en clubs, d’autant plus que nous avons décidé, avec Nicole, de tourner ensemble cette année. Elle me rejoint sur scène pendant mon set pour reprendre en live nos titres, certains de mes remixes et covers de classiques cultes des clubs.
L’énergie est dingue quand nous sommes ensemble, vivement nos prochaines dates.
Tu voyages beaucoup, notamment tu as été résident à Ibiza pour les soirées SupermartXé, qu’est-ce qui te plaît dans le fait de mixer à des endroits aussi différents et est-ce qu’il y a des villes/pays où les nuits sont plus folles que d’autres ?
J’adore voyager, c’est une grande source d’inspiration, une bonne partie de mes titres sont d’ailleurs nés dans le cadre de voyages. Le fait de bouger et de ne pas toujours jouer au même endroit permet d’éviter la routine.
Mixer doit rester quelque chose d’excitant et stimulant, dès qu’on a la sensation d’aller « travailler », ce n’est jamais bon signe et le résultat s’en ressent en général. Tel Aviv est vraiment assez dingue depuis plusieurs années pour aller faire la fête, et la scène locale très intéressante.
L’Espagne reste bien évidemment une valeur sûre, c’est culturel. Mais plus que les lieux, je crois que ce sont avant tout les gens qui font la magie d’une soirée.
Quelle est ton expérience clubbing mémorable ?
Il y en a eu plusieurs, heureusement :
Ma première fois au Queen, club mythique Parisien, pour le lancement de l’album The Fame Monster de Lady Gaga. J’adorais ce club et ai eu par la suite l’occasion d’y jouer de nombreuses fois.
Mon premier set à Tel Aviv pour le tea dance de cloture de la gay pride avec Offer Nissim. C’était le feu et Offer est un sacré personnage que j’affectionne particulièrement.
Ma résidence pour SupermartXé au Privilège à Ibiza, jouer dans le plus grand club du monde, ça, c’est fait !
Ma première participation pour le final de la Marche Des Fiertés de Paris place de la Bastille, un sacré symbole et une immense joie devant ce nombre impressionnant de gens. Même sentiment également il y a deux ans pour la World Pride à Madrid. Il régnait une ambiance électrique avec un million de personnes dans les rues.
Même si beaucoup reste à faire pour la communauté LGBT et l’ensemble de nos droits, il n’en reste pas moins qu’un sacré chemin a été parcouru depuis Stonewall en 1969. J’ai un profond respect et admiration pour tous ceux dont le militantisme a fait évoluer les choses, de Marsha P. Johnson à Harvey Milk.
Enfin, j’ai toujours énormément de plaisir à aller jouer au High à Nice pour les soirées RainboWorld, l’ambiance y est toujours à la fois survoltée et décontractée.
Parfois, lors de nos carrières, il nous arrive de croiser des bonnes fées qui croient en toi et qui t’ont épaulé dans ton ascension ? Y’a-t-il certaines personnes, DJ ou autres artistes musicaux, a qui tu souhaiterais rendre hommage ?
Pas de coup de baguette magique bien placé pour réussir en ce qui me concerne, mais il est évident que tous les artistes avec lesquels j’ai pu collaborer sur le long terme m’ont boosté en terme de notoriété. Je suis quelqu’un de déterminé, quand j’ai un rêve ou une idée en tête, je me donne les moyens pour y arriver.
C’est beaucoup de travail, parfois des sacrifices, et un peu de chance. Dans la musique, l’alignement des planètes est important : tomber sur la bonne personne, au bon moment. Cela dit, je serai éternellement reconnaissant vis à vis de Martin Kierszenbaum, que je considère comme mon mentor. C’est lui qui a fondé Cherrytree Records chez Interscope, signé et produit des artistes comme t.A.T.U., Lady Gaga, Sting.
Il m’a énormément appris, poussé et soutenu, même encore aujourd’hui. C’est quelqu’un d’humble, intègre, avec une vraie vision artistique. Mes amis ont également toujours été là pour m’encourager, et c’est important.
Racontes-nous ta rencontre avec Nicole Slack Jones, égérie de ton nouveau titre « I’m free » qui vient fraichement de sortir sur les dancefloors ?
Ce fut le fruit du hasard. J’étais invité par une de mes amies qui tient un palace parisien à une de ses soirées d’inauguration. « Viens, en plus tu verras, j’ai une chanteuse de gospel qui va faire un live ».
J’y vais avec une légère appréhension, celle de me retrouver face à ce type de castafiore cliché qui met tout le monde mal à l’aise tellement sa présence est écrasante, et qu’on va avoir droit à « bless the lord » toutes les 30 secondes. Par chance, il s’est produit tout l’inverse.
J’ai été ébahit par sa voix, c’est vocalement parlant la meilleure artiste que j’ai rencontré depuis Lady Gaga. Son attitude à la fois discrète et chaleureuse a mis tout le monde d’accord au bout de 2 minutes. J’ai adoré sa prestation, son charisme naturel et sa personnalité ultra attachante. Nous avons par la suite discuté dans la soirée, elle m’a expliqué son parcours, celui d’une jeune fille afro américaine de la Nouvelle-Orléans qui a grandi dans une famille modeste très réligieuse et stricte, 6 jours sur 7 à l’église.
Au menu, c’était Dieu et du Gospel matin, midi et soir, interdiction d’écouter de la pop, jusqu’à ce qu’elle découvre Aretha Franklin et Whitney Houston, qu’elle écoutait en cachette. Elle a tourné dans le monde entier, que ce soit en tant qu’artiste leader sur un répertoire jazz, soul et gospel, ou aux côtés de Percy Sledge, Aloe Blacc… Son parcours est dingue. Une des dernières discussions qu’elle a eu avec son papa, quelques jours avant le décès de celui-ci, a été un électro shock pour elle. Elle a souhaité s’émanciper du carcan familial et religieux, vivre sa vie pleinement comme elle l’entendait. C’est là qu’elle a écrit I Am Free.
C’est un de ses premiers morceaux, encore à l’état de démo. Il nous a fallu 4 ans et le temps de mieux faire connaissance pour que je lui propose de produire le titre. C’était un challenge car très loin de la version qu’elle avait créé, mais Nicole était très excitée à l’idée de faire un titre pour les clubs, car complètement en dehors de son cadre habituel. J’ai essayé de conserver les références gospel qui lui sont propre, en ajoutant mes propres influences. Je voulais retrouver l’atmosphère des titres clubs de Whitney Houston, Barbara Tucker, Deborah Cox. Nous sommes ravis de l’accueil que nous avons eu à ce jour, tant au niveau des clubs (8ème en France), que des soirées et festivals LGBT.
Nous allons même commencer à le travailler aux Etats Unis. Avec Nicole, je pense enfin avoir trouvé ma « voix », comme Chris Willis ou Sia l’ont été pour David Guetta, ou Maya Simantov avec Offer Nissim. Notre travail est limite fusionel, on a la même vision, nous sommes excités par le même type de mélodies ou sonorités, et on s’amuse beaucoup.
Beaucoup de choses sont en préparation pour Nicole, que ce soit pour nos titres en commun, ou pour son propre répertoire. Ca fait 10 ans que je n’avais pas eu un tel coup de cœur artistique.
Si tu dois faire découvrir ton son à une personne qui ne connait pas, lequel de tes tracks lui conseilles-tu d’écouter ?
Hum, compliqué, c’est presque comme demander lequel de tes enfants tu préfères… Pour ce qui est de mes singles, allez écouter en priorité « I Am Free » et si vous souhaitez passer par la case remixes, montez le son sur mon remix pour l’incroyable LP « Lost On You ».
Comment vois-tu le clubbing gay dans 10 ans ? Peut-on encore étonner et innover ?
Difficile de répondre à cette question, mais je le souhaite en tous cas.
Quel est ton / tes morceaux préféré(s) du moment ?
En vrac, et dans plusieurs styles :
Billie Eilish – Bury A Friend
Zedd feat. Katy Perry – 365
MaZeZe & Sarit Hadad – One Kiss
Gryffin feat. Zohara – Remember
Lady Gaga – I’ll Never Love Again
Dikla – Here Comes The Rain Again
Blue Hawaii – Vs. Game
Mor Avrahami & Sagi Kariv feat. Hayla Assulin – Touch Me